dimanche 28 mars 2010

L'humiliation fait aussi partie de la formation

(Dernière modification : mardi 30 mars 2010)

Le Nouveau Testament (nouvelle alliance en Jésus-Christ), nous rappelle que tout enfant légitime est sujet à la discipline de ses parents. Il en est de même pour nous envers Dieu; si du moins nous lui appartenons.

Quoique les mots discipline ou correction puissent faire ressurgir des images négatives en apparence ou de réels souvenirs d'abus pour d'autres personnes, la réalité demeure incontournable. La discipline positive fait partie du processus pour conduire l'enfant hors de l'état d'enfance.

Nous ne disciplinons pas l'enfant du voisin, parce qu'il n'est pas le nôtre.

«Mais si vous êtes exempts du châtiment auquel tous ont part, vous êtes donc des enfants illégitimes, et non des fils» (Hé 12.8).
Mais nous disciplinons notre enfant qui le mérite, avec une conséquence raisonnable (juste), directement reliée à la faute. La correction n'est pas trop sévère, pour que l'enfant ne se décourage pas (Éph 6.4 a) et elle n'est pas trop légère, pour qu'il ne banalise pas une faute qui mérite correction (Éph 6.4 b) .
«Pères, n’irritez pas vos enfants, de peur qu’ils ne se découragent» (Col 3.21, v. aussi Éph 6.4 a).
Parfois, seule la réprimande suffit à amener l'enfant à accepter de reconsidérer sa conduite. Chacun apprend à connaître son enfant, pour n'être ni trop sévère, ni trop mou dans la discipline.

Dieu connaît bien ses enfants.

Grâce et discipline

L'Évangile de la grâce nous enseigne que l'Ancien Testament a été remplacé par la nouvelle alliance en Jésus-Christ. Ainsi donc, les principes demeurent, mais les rituels sont abolis. Un des principes qui demeurent est celui de la discipline de Dieu envers les siens, parfois nécessaire pour mener ses "enfants" à maturité. Nous entendons évidemment ici, tout véritable enfant de Dieu, en processus de maturité spirituelle.

Éducation positive plutôt que discipline négative («ne pas...»)

Il y a aussi un autre aspect du développement de tout véritable enfant de Dieu et c'est son éducation.

L'éducation d'un enfant constitue bien davantage à lui enseigner par divers moyens et exemples, de façon progressive, comment agir et maturer, plutôt que comment «ne pas» agir.

Dans la vie de l'enfant, il doit y avoir beaucoup plus d'éducation positive, que de discipline corrective. Mais il n'est pas toujours facile de savoir, si ce que nous vivons constitue un acte de discipline par lequel Dieu veut que nous amendions un mauvais comportement, une mauvaise attitude, de l'immaturité OU encore, si ce que nous vivons, constitue plutôt une simple étape du processus d'éducation; une épreuve de la foi. Parfois, il y a un peu des deux. Les deux visent le même but : mener l'enfant spirituel que nous sommes, hors de l'enfance spirituel.

Un enfant de 18 mois, aux joues rondes, qui fait son rot et rigole dans sa chaise haute en jetant ses choses par terre, ça fait une belle vidéo. Mais Toto qui fait la même chose en s'y appliquant de son mieux, à 16 ans dans un restaurant McDonald's un jeudi soir à 20 heures, ce n'est plus drôle, c'est totalement immature.

L'apôtre Paul nous rappelle l'issue du processus normal de développement :
«Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant ; lorsque je suis devenu homme, j’ai fait disparaître ce qui était de l’enfant» (1 Co 13.11).
S'il est normal qu'à l'âge de 2 ans ou 3 ans, le petit Simon croit que le monde gravite autour de sa personne (existe pour lui), par contre, l'option est plutôt monstrueuse s'il le croit encore à 20 ans ! En ce cas, il n'a pas maturé normalement. Ce n'est qu'un enfant dans un corps d'homme et qui blessera les autres, par pur égoïsme. Il risque d'être lui-même un enfant qui fait des enfants.

Si par moment le monde ne suit pas le principe de la discipline dans l'amour et la fermeté, Dieu lui, ne l'a jamais abandonné pour ses enfants.  

Pour mieux accepter la discipline de Dieu

Dieu permet que notre foi soit parfois mise à l'épreuve, mais il y a aussi des temps où ceux qui le suivent sont carrément sous discipline. Comprendre que nous sommes sous discipline divine en vue de notre croissance en maturité, peut nous aider à supporter avec patience, ce que nous vivons.

Une méditation sur le livre du Deutéronome, chap. 8

Durant une période de ma vie où j'étais irrité contre Dieu en raison des années difficiles que je vivais, je suis tombé sur cette référence du livre du Deutéronome:
«Souviens–toi de tout le chemin que l’Eternel, ton Dieu, t’a fait faire pendant ces quarante années dans le désert, afin de t’humilier et de t’éprouver, pour savoir quelles étaient les dispositions de ton cœur et si tu garderais ou non ses commandements. Il t’a humilié, il t’a fait souffrir de la faim, et il t’a nourri de la manne, que tu ne connaissais pas et que n’avaient pas connue tes pères, afin de t’apprendre que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais que l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche de l’Eternel
[...]
«Reconnais en ton cœur que l’Eternel, ton Dieu, te châtie comme un homme châtie son enfant.
[...]
«prends garde que ton cœur ne s’enfle, et que tu n’oublies l’Eternel, ton Dieu, qui t’a fait sortir du pays d’Egypte, de la maison de servitude, qui t’a fait marcher dans ce grand et affreux désert, où il y a des serpents brûlants et des scorpions, dans des lieux arides et sans eau, et qui a fait jaillir pour toi de l’eau du rocher le plus dur, qui t’a fait manger dans le désert la manne inconnue à tes pères, afin de t’humilier et de t’éprouver, pour te faire ensuite du bien. Garde–toi de dire en ton cœur : Ma force et la puissance de ma main m’ont acquis ces richesses.» (extraits tirés du livre biblique du Deutéronome, chap. 8.3-17).
Dans un premier temps, ce texte réfère aux années passées par les hébreux à errer dans des lieux incultes après la délivrance de l'ancienne Égypte. Le voyage vers Canaan aurait pu durer un certain nombre de jours, mais pas des années (une génération). Pourtant, ils ont erré durant des années.
 
Dès les premières marches, les murmures ont commencé, le peuple voulait retourner à l'esclavage, lapider ses conducteurs, et ainsi de suite. Nous y apprenons beaucoup de principes applicables, sur la discipline de Dieu envers les humains qu'il appelle à lui.
 
1. C'est par l'intervention de Dieu, que le peuple n'est PAS entré en Canaan dans les semaines suivant sa sortie d'Égypte.
«Souviens–toi de tout le chemin que l’Eternel, ton Dieu, t’a fait faire [...] dans le désert » (De 8.2)
2. Ceci avait un but clairement disciplinaire:
«afin de t’humilier et de t’éprouver...» (De 8.2)
3. Ni l'humiliation, ni la faim, ni le chemin avec moins de ressources que les autres avant eux, n'étaient accidentels.
«Il t’a humilié, il t’a fait souffrir de la faim, et il t’a nourri de la manne, que tu ne connaissais pas et que n’avaient pas connue tes pères, afin de t’apprendre que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais que l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche de l’Eternel» (De 8.3).
C'était une école de discipline pour la génération courante, rebelle à Dieu, (un palier, une étape transitoire) en préparation de la génération suivante qui ne serait pas remplie de l'Égypte dans son coeur.

Ce qui sort de la bouche de l'Éternel

Qu'est-ce qui sort de la bouche de Dieu? Sa Parole, oui, mais qu'est-ce que cette affirmation implique; "tout ce qui sort de la bouche de l'Éternel" (v. 3)?

Dieu dit et les choses sont.
  • «Que la porte soit ouverte» et elle s'ouvre.
  • ou «Que la porte soit fermée» et elle se ferme.
  • «Que la lumière brille» et elle éclaire nos choix comme si nous étions dans la main de Dieu.
  • ou «Que soit l'obscurité» et voilà que nous marchons en tatônnant comme si c'était la nuit; nous choisissons et c'est toujours le mauvais choix. Les autres choisissent et réussissent (au sens terrestre et temporel), tant que Dieu ne met pas fin à ce temps de discipline sur son enfant.
4. Quoique cela n'enlève pas la souffance, il y a du réconfort à savoir que si nous sommes vraiment enfants de Dieu, nous avons aussi part à sa discipline, comme tout véritable enfant.
«Reconnais en ton cœur que l’Eternel, ton Dieu, te châtie comme un homme châtie son enfant» (De 8.5).
La souffrance liée à la discipline de Dieu envers ses enfants n'est donc PAS un signe de rejet, mais plutôt d'adoption dans la famille de Dieu, par la foi en Christ.

5. Si on peut souffrir d'être traité différemment de ceux qui nous ont précédés, nous trouvons de la consolation et une exhortation à la patience, en sachant que Dieu est en contrôle, et qu'il l'a fait avec un but.
«Prends garde que ton cœur ne s’enfle, et que tu n’oublies l’Eternel, ton Dieu, qui t’a fait sortir du pays d’Egypte, de la maison de servitude, qui t’a fait marcher dans ce grand et affreux désert, où il y a des serpents brûlants et des scorpions, dans des lieux arides et sans eau, et qui a fait jaillir pour toi de l’eau du rocher le plus dur, qui t’a fait manger dans le désert la manne inconnue à tes pères, afin de t’humilier et de t’éprouver, pour te faire ensuite du bien» (De. 8.14-16).
Une personne peut entrer en elle-même, reconsidérer sa vie et se demander :

Pourquoi demain était-il toujours incertain? Pourquoi n'étais-je pas à la bonne place au bon moment? Si j'allais à l'est la bénédiction se trouvait à l'ouest et si j'étais au bon endroit au bon moment, un autre surgissait de nulle part et prenait la bénédiction que j'attendais. Pourquoi tous ceux qui pouvaient témoigner de mes réalisations, disparaissaient-ils de mon entourrage pour se retrouver au loin où je ne pouvais les joindre, ou même mourait ou leur entreprise fermait ses portes? Un ouvrier de Dieu peut se demander : "Pourquoi dois-je servir sans salaire et en travaillant de mes mains pour supporter le service que je lui rends, quand mes parents spirituels ont été supportés"? Autrement dit : "pourquoi était-ce différent pour moi, de ceux qui m'ont précédé en Christ, alors que je ne pense pas être un plus grand pécheur"?

Réponse :  il t'a fait manger ce qui a été inconnu à tes pères (ceux qui t'ont conduit à ce jour et à moi)
«afin de t'humilier et de t'éprouver»
ET
«afin de t’apprendre que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais que l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche de l’Eternel»

Ton cheminement diffère de celui de l'autre, parce que ta relation à Dieu est unique, parce que tu es unique. Mais aussi ton appel et ton onction spirituelle diffèrent de ceux de tes collègues et frères dans la foi.

Et maintenant...
Discipline et épreuve : le moyen MAIS non le but

La discipline et l'épreuve constituent un moyen mais non une fin (destination). Surtout, notre Père céleste veut nous faire ensuite du bien (v. 16-17) et que nous sachions que nous dépendons de sa grâce en toutes choses;
  • qu'il est celui qui ouvre et personne ne ferme
  • ou qu'il ferme et personne n'ouvre
  • qu'il est celui qui donne avec abondance
  • ou qu'il retient et peut rendre le ciel comme du fer
Comme un cultivateur prépare ses champs pour recevoir la pluie et le soleil, nous pouvons préparer notre vie pour recevoir la grâce du Ciel véritable.

Mais nous ne pouvons que recevoir ce qui nous est donné de Dieu. Pensez-y : je n'ai même pas choisis dans quelles conditions je naîtrais (pays, contexte politique, pauvreté ou richesse familiale, etc.).

Devenir utile et utilisable

Le but ultime de la discipline et de l'épreuve : que nous devenions / soyons obéissants pour être (v. 6):
  • utiles
  • utilisables
    capables entre autres choses, de compatir aux souffrances et besoins des autres
Dieu veut que nous devenions des êtres accomplis (maturité en Christ) et utilisables. Il y a des choses que ni les instituts bibliques, ni les séminaires théologiques, ni même un père dans le service chrétien avant nous, même un pasteur, ne peuvent enseigner:
  • La compassion / l'empathie / la compréhension, sans se faire moralisateur et condescendant, face aux possibles mauvaises réactions de la personne éprouvée dans la souffrance ou placée sous discipline (sans excuser, ni les relativiser les mauvaises réactions).
Celui qui a souffert et qui a compris ses propres limites personnelles peut comprendre et aider celui qui souffre. Il peut devenir un "gardien" de son frère. Celui qui a été méprisé peut prévenir que d'autres le soient pour de mauvaises raisons et aider à leur épanouissement dans le vaste champ des services (ministères) envers Dieu et les autres.

Croissance et déclin

La vie d'un homme est bien courte, mais je crois saisir, qu'au moment où nous atteignons notre sommet, le meilleur de notre sagesse et le summum de notre expérience, notre corps lui, va exactement dans l'autre sens et commence déjà à décliner.

Cela semble totalement insensé. Que dois-je en conclure : l'homme n'a pas été créé pour mourir, mais pour vivre. Quelque chose s'est passé, qui a altéré un plan infiniment plus grand.

Je peux conclure aussi que nous devons préparer / assister la génération suivante et prier pour elle.

Peut-être est-ce pour cela, qu'à l'âge de 50 ans, les lévites, serviteurs du Tabernacle au désert (Tente de la rencontre), étaient libérés du service direct pour devenir des aides, des mentors en quelque sorte (lire Nombres, chap. 8).

Pensée : Si nous devenons des aides à la croissance des autres et à leur ministère (service) optimal, alors notre souffrance et nos privations auront encore plus de sens.

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