dimanche 28 février 2010

Ne rejetez pas celui que Dieu n'a pas rejeté


Jésus était destiné à être rejeté par la majorité.

Certaines personnes attendant le secours messianique, comme un dénommé Nathanaël, disaient de lui : «Peut-il venir de Nazareth, quelque chose de bon ?». C'était avant de rencontrer Jésus.

Mais que pouvait-il venir de grand d'un tout petit village, dont les prophéties ne disaient à peu près rien? Et quelle délivrance pouvait donc venir d'un libérateur qui cherchait la paix et non la guerre?...

Si des foules le suivaient, c'était bien souvent par intérêt, pour être nourries et guéries. Bien peu vivaient une véritable conversion, avant sa résurrection des morts. Pour plusieurs, Jésus était comme une curiosité de foire, qui réjouit la foule pour un temps. Puis chacun retourne à son activité, sans avoir été profondément changé.

L'Épître aux Hébreux nous rappelle que Jésus n'a pas eu un ministère terrestre facile et que de ce fait, il peut, comme le premier des grands-prêtres (en dignité) et le dernier (selon l'histoire et selon l'appel divin), compatir à nos tentations et nos douleurs.
«Car nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses ; au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché. Approchons–nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans nos besoins» (He 4.15-16).

Non, Jésus n'a pas eu la vie plus facile, du fait de sa nature divine avant son incarnation. Repentons-nous, si telle est notre pensée :
«C’est lui qui, dans les jours de sa chair [c'est-à-dire, du temps où il s'est fait homme], ayant présenté avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort [lui éviter d'être gardé par la mort], et ayant été exaucé à cause de sa piété [de son attachement à Dieu], a appris, bien qu’il fût Fils, l’obéissance par les choses qu’il a souffertes, et qui, après avoir été élevé à la perfection, est devenu pour tous ceux qui lui obéissent l’auteur d’un salut éternel» (Hé 5.7-9).

Jésus a prié avec une grande angoisse, mais sans se révolter contre son Dieu. Jésus a dû apprendre l'obéissance, non pas dans le même sens que nous, mais lui, apprenant l'obéissance au sens de l'expérimenter, de progrès en progrès, sur une très longue période, jusqu'à son extrême limite; la mort physique et la détresse psychologique.

En méditant sur ses prières avec grands cris, larmes et supplications, et en retournant dans le texte du prophète Esaïe, nous apprenons qu'en fait, Jésus était destiné au rejet, au mépris et à la souffrance.

Ces dernières années, Jésus avait souvent connu le mépris, lui qui faisait du bien aux hommes, par ses oeuvres et son enseignement qui allaient bouleverser le monde dans les décennies suivantes. Jésus, le Sauveur qui fut considéré comme" jetable", comprend certainement notre époque du culte des  personnalités flamboyantes en apparence; époque aussi du mépris des gens qui n'attirent pas les projecteurs sur eux-mêmes et qui ne sont pas des docteurs en philosophie. Avant sa venue parmi nous, le prophète voit à son sujet:
«Qui a cru à ce qui nous était annoncé ?
Qui a reconnu le bras de l’Eternel ?
Il s’est élevé devant lui comme une faible plante,
Comme un rejeton qui sort d’une terre desséchée ;
Il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards,
Et son aspect n’avait rien pour nous plaire.
Méprisé et abandonné des hommes,
Homme de douleur et habitué à la souffrance,
Semblable à celui dont on détourne le visage,
Nous l’avons dédaigné,
nous n’avons fait de lui aucun cas» (Es. 53.1-3).

Qui a reconnu qu'il était les membres de Dieu; "le bras", le représentant de Dieu sur Terre? C'est Dieu qui appelle, qui élève, ou qui abaisse.

Lorsque nous pensons à la souffrance de Jésus, nous pensons généralement à sa crucifixion; au supplice de la croix romaine. Mais en considérant ses quelques années de ministère, nous voyons qu'il a vécu une grande solitude morale. Qui pouvait le comprendre ? En fait personne. Pour ses ennemis, il était un petit messie (pseudo-roi libérateur) autoproclamé, agitateur de foules, qui voulait probablement se donner de l'importance. On le soupçonnait être un fils illégitime, qu'un certain homme humble  nommé Joseph, avait accepté d'élever comme son fils légitime, pour que Marie, sa fiancée, ne soit pas exposée à la honte et à la mort. Si on avait demandé ce que pensaient les gens du village de peu d'importance d'où il venait, c'était ce qu'on aurait entendu de plusieurs : c'est un fils de filiation incertaine (un enfant illégitime); certainement un bâtard quant à la descendance du roi David, en tout cas, certainement pas le sauveur pour son peuple. Les plus objectifs auraient dit qu'il est connu pour être un simple ouvrier, vaillant il faut dire.

Mais nous sousestimons généralement le grand sacrifice et la grande souffrance de Jésus. Être accusé des pires intentions quand vous avez voué votre vie au service des autres, c'est un grand outrage. Nous voyons son sacrifice comme limité à quelques heures dans les derniers jours de sa vie. Mais c'est toute sa vie qu'il a donnée, en se faisant homme.

Nous nous limitons à la souffrance physique, rien de plus peut-être, que la douleur d'un soldat qui souffre sur un champ de bataille, ou qu'une personne qui agonise d'une longue maladie comme le cancer. C'est que nous voyons la souffrance de Jésus sous l'angle de l'intensité, alors que ce qui distingue la souffrance de Jésus, c'est le sens historique, théologique et la portée éternelle qu'elle prend. Jésus a volontairement renoncé à sa gloire céleste, par compassion et amour pour nous:
«Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées,
C’est de nos douleurs qu’il s’est chargé ;
Et nous l’avons considéré comme puni,
Frappé de Dieu
, et humilié.
Mais il était blessé pour nos péchés,
Brisé pour nos iniquités ;
Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui,
Et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris» (Es 53.4-5).

Il a accepté de vivre l'apparence de l'échec, à la croix. Et nous oublions vite, aussi, la détresse de la tentation dans le jardin de Gethsémané, où il pouvait reprendre de plein droit sa vie et sa gloire, sans commettre de péché. Mais il agonisait même psychologiquement, saisi d'une profonde angoisse, implorant son Père-Dieu, s'il était possible, qu'une autre issue puisse sauver l'humanité. Pendant ce temps, ses meilleurs éléments, ses trois disciples les plus fiables, dormaient, et ne pouvaient veiller avec lui et comprendre pourquoi Jésus s'inquiétait tellement. Mais dans notre humanité, il y a souvent peu de distance entre "fiables" et "faibles". Une seule épreuve, un peu de fatigue et d'inquiétudes, peut parfois nous faire passer de l'un à l'autre...

Non, Jésus ne l'a pas eu facile. Incompris, on peut saisir pourquoi il se retirait souvent seul pour prier, aux premières lueurs du jour, avant le bruits déformants et trompeur de ce monde; avant que les "médias" du temps dictent ce qui a de l'importance et ce qui n'en a pas et que les gens les croient.

Ne rejetons pas, en notre époque du jetable, celui que Dieu n'a pas rejeté, et qui peut nous paraître bien peu signifiant. Nous aimons élever les hommes et les femmes qui semblent nobles et grands à nos yeux et mépriser ceux qui semblent petits et sans envergure. Mais Dieu, incarné dans un humble homme n'attirant pas les regards admiratifs par ce qu'il est d'humain (naissance et carrière) voit les choses différemment de nous.

Pensée : Seigneur, pardonne-nous de penser que tu as eu la vie plus facile, du fait que tu étais Fils bien-aimé de Dieu. Aide-nous à supporter nos blessures du moment, nos déceptions, les mauvaises intentions qu'on nous attribue. Donne-nous la grâce de prendre exemple sur toi, en persévérant et apprenant l'obéissance, par la persévérence à bien faire, même dans l'adversité.

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