mercredi 19 juillet 2017

Être religieux ne suffit pas

   par Gilles Bernier, publié initialement sur mon ancien site Eternite.net, 2010-03-04


La foi chrétienne n'est pas une philosophie, bien qu'elle soit une sagesse. Mais elle n'est pas une philosophie, au sens d'une tradition humaine. La foi chrétienne véritable n'est pas non plus une religion au sens qu'on donne à ce mot. En fait, l'Esprit de Dieu n'aime pas la religiosité; il aime les gens vrais, simples et reconnaissant leur insuffisance personnelle à saisir le Royaume de Dieu ici et maintenant. Bien que Dieu aime tous les hommes, être religieux ne suffit pas pour entrer en relation personnelle avec Dieu !



C'est pourquoi, dans la parabole du pharisien (chef religieux) et du publicain (fonctionnaire à la solde romaine, méprisé des Juifs) qui étaient montés au temple pour prier, le publicain reconnaissant ses limites personnelles repartit pardonné (déclaré juste par Dieu) vers sa maison, alors que le pharisien, qui se fondait sur ses œuvres et sur l'observance de la loi et des traditions, repartit chargé de son péché, mais tout en se croyant plus juste que les autres (Lc 8.19-14).

Quelque temps après la résurrection du Seigneur, l'Église naissante (Église primitive) est en pleine expansion dans la région de la Judée. Mais la plupart des hommes religieux sont exclus (ou s'excluent eux-mêmes) des bénédictions de Dieu, en raison de leur jalousie contre les disciples ordinaires, sans grande instruction qui sont en train de changer le pays, par les œuvres de Dieu qui accompagnent leur témoignage.
«Cependant le souverain sacrificateur et tous ceux qui étaient avec lui, savoir le parti des sadducéens, se levèrent, remplis de jalousie, mirent les mains sur les apôtres, et les jetèrent dans la prison publique». (Ac 5.17-18).

Il y avait un certain nombre de gens religieux et de leaders du peuple disposés à croire en Jésus à cause de ses œuvres et de ses enseignements. Mais ils n'osaient généralement pas l'avouer ouvertement, de peur de perdre leurs fonctions.Les gens qui utilisent le terme de religieux pour désigner tous ceux qui ont une croyance quelle qu'elle soit, ont évidemment tort. Car être religieux ne suffit pas pour être un vrai chrétien. En fait, c'est même le contraire de ce que Dieu attend de ses enfants.
«Cependant, même parmi les chefs, plusieurs crurent en lui ; mais, à cause des pharisiens, ils n’en faisaient pas l’aveu, dans la crainte d’être exclus de la synagogue. Car ils aimèrent la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu» (Jn 12.42-43)

De tout temps, les gens ont préféré à la vérité, la sécurité matérielle et le prestige social.Une fois que plusieurs disciples avaient commencé à suivre le Seigneur, même des prêtres (sacrificateurs) crurent en lui, mais ils n'osaient généralement pas l'avouer, en raison de la pression qu'exerçaient sur eux, les gens religieux. Jésus dira d'ailleurs à ses disciples que la nature humaine (l'homme naturel ou homme animal) ne peut produire le fruit véritable qui passe le test de l'éternité.
«Je suis le vrai cep, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi et qui ne porte pas de fruit, il le retranche ; et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde, afin qu’il porte encore plus de fruit. Déjà vous êtes purs, à cause de la parole que je vous ai annoncée. Demeurez en moi, et je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut de lui–même porter du fruit, s’il ne demeure attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez en moi. Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire» (Jn 15.1-5).

Si nous ne demeurons pas attachés à Jésus et à ses paroles par la foi-confiance, nous ne pouvons porter de fruit qui demeure jusque dans l'au-delà (l'éternité). L'apôtre Paul est un homme réputé parmi l'élite religieuse; des plus prometteur de son temps. Mais son prestige religieux ne suffit pas à être avec Dieu. Croyant le servir, il combat contre son Dieu. Il se fera sérieusement réprimander, lors de sa vocation (appel).
«Il répondit : Qui es–tu, Seigneur ? Et le Seigneur dit : Je suis Jésus que tu persécutes. Il te serait dur de regimber contre les aiguillons" (Ac 9.5)».

Les aiguillons font référence au bâton équipé de pointes, de celui qui mène le bétail. Il en coûterait beaucoup à cette "star" religieuse montante (populaire selon l'évaluation humaine) de résister à l'oeuvre que Dieu est en train d'opérer à la suite de la venue de Jésus.Trois jours après cette rencontre, Saul (qui deviendra Paul) devient disciple de Christ, dont il annonce l'Évangile jusqu'à la fin de sa vie, et souvent malgré une grande opposition. Il reconnaît et témoigne durant les années de son service chrétien, que ce qui faisait autrefois sa fierté religieuse, est devenu vain devant le plan réel et supérieur de Dieu.
«Moi aussi, cependant, j’aurais sujet de mettre ma confiance en la chair [en la capacité humaine]. Si quelque autre croit pouvoir se confier en la chair, je le puis bien davantage, moi, circoncis le huitième jour, de la race d’Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu né d’Hébreux ; quant à la loi, pharisien ; quant au zèle, persécuteur de l’Eglise ; irréprochable, à l’égard de la justice de la loi. Mais ces choses qui étaient pour moi des gains, je les ai regardées comme une perte, à cause de Christ. Et même je regarde toutes choses comme une perte, à cause de l’excellence de la connaissance de Jésus–Christ mon Seigneur, pour lequel j’ai renoncé à tout, et je les regarde comme de la boue, afin de gagner Christ, et d’être trouvé en lui, non avec ma justice, celle qui vient de la loi, mais avec celle qui s’obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu par la foi, Afin de connaître Christ, et la puissance de sa résurrection ...» (Ph 3.4-10).

Il y avait beaucoup de gens religieux du temps de Jésus, mais Jésus leur dit que cela ne suffit pasLes chefs religieux empêchaient généralement les gens d'entrer dans le Royaume de Dieu, par leur enseignement et leurs traditions humaines:
«Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux ; vous n’y entrez pas vous–mêmes, et vous n’y laissez pas entrer ceux qui veulent entrer. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous dévorez les maisons des veuves, et que vous faites pour l’apparence de longues prières ; à cause de cela, vous serez jugés plus sévèrement. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte ; et, quand il l’est devenu, vous en faites un fils de la géhenne deux fois plus que vous. Malheur à vous, conducteurs aveugles ! ...» (Mt 23.13-16)

En fait, la plupart des gens religieux s'opposaient à la volonté de Dieu d'instaurer une nouvelle alliance avec les individus; une foi plus personnelle où chacun est en relation avec Dieu, sans passer par les rituels anciens qui n'étaient que des ombres de la nouvelle alliance. Ils voyaient l'ombre des choses, plus grandes que les vérités représentées.L'apôtre Paul le dira clairement aux habitants de la province romaine de Galatie:
«Avant que la foi vînt, nous étions enfermés sous la garde de la loi, en vue de la foi qui devait être révélée. Ainsi la loi de Moïse a été comme un pédagogue pour nous conduire à Christ, afin que nous fussions justifiés par la foi. La foi étant venue, nous ne sommes plus sous ce pédagogue. Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus–Christ ; vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ» (Ga 3.23-27).

L'apôtre explique ainsi, que la loi a été comme le serviteur chargé de la supervision des enfants, jusqu'à leur maturité. Et la maturité, c'est la venue de l'Esprit de Dieu, disponible pour chacun de ses véritables enfants par adoption, par le moyen de leur foi-confiance en Jésus-Christ.Ainsi, la loi de Moïse et les alliances sacrificielles qui l'ont précédée, constituaient des moyens d'enseigner sur la réalité du péché, sur la nature d'un Dieu pur et Très Saint (hors d'atteinte aux pécheurs) et sur la nécessité d'un Sauveur et substitut, pour pouvoir atteindre personnellement un Dieu parfait.
Cet aspect temporaire des rituels de la loi (but = enseigner des réalités plus grandes) était déjà écrit dans l'Ancien Testament, livre de l'ancienne alliance, mais bien peu compris, ormi chez les prophètes eux-mêmes.
«...Je mettrai ma loi au dedans d’eux, Je l’écrirai dans leur cœur ;

Et je serai leur Dieu...» (Jé 31.33).

Et que cette promesse dépasse la nation d'Israël seule était déjà annoncé bien avant aussi. Dès la promesse répétée à Abraham, la bénédiction de toutes les nations fait partie du plan de Dieu.
«Abraham deviendra certainement une nation grande et puissante, et en lui seront bénies toutes les nations de la terre» (Ge 22.18 v. aussi : Ge 18.18; Ge 26.4).

En fait, il s'agit de ceux d'entre les nations qui ont une foi-confiance en Dieu, de la même nature (sorte) que celle d'Abraham.
«En effet, ce n’est pas par la loi que l’héritage du monde a été promis à Abraham ou à sa postérité, c’est par la justice de la foi. Car, si les héritiers le sont par la loi, la foi est vaine, et la promesse est anéantie, parce que la loi produit la colère, et que là où il n’y a point de loi il n’y a point non plus de transgression. C’est pourquoi les héritiers le sont par la foi, pour que ce soit par grâce, afin que la promesse soit assurée à toute la postérité, non seulement à celle qui est sous la loi, mais aussi à celle qui a la foi d’Abraham, notre père à tous, selon qu’il est écrit : Je t’ai établi père d’un grand nombre de nations. Il est notre père devant celui auquel il a cru, Dieu, qui donne la vie aux morts, et qui appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient » (Ro 4.13-17).

Les Psaumes en parlent aussi. Un concept aussi révolutionnaire que l'adhésion des non-Juifs au salut, n'aurait pas été imaginé par des Juifs qui se voyaient comme le seul peuple ayant accès à Dieu et aux alliances. Il s'agit de textes au-dessus des perceptions humaines :
«Son nom subsistera toujours,

Aussi longtemps que le soleil son nom se perpétuera ;

Par lui on se bénira mutuellement,

Et toutes les nations le diront heureux» (Ps. 72.17)».

Et ailleurs, selon la compréhension renouvelée des anciens textes, par l'apôtre Paul:
«Ainsi nous a–t–il appelés, non seulement d’entre les Juifs, mais encore d’entre les païens, selon qu’il le dit dans Osée : J’appellerai mon peuple celui qui n’était pas mon peuple, et bien–aimée celle qui n’était pas la bien–aimée ; et là où on leur disait : Vous n’êtes pas mon peuple ! ils seront appelés fils du Dieu vivant.

Esaïe, de son côté, s’écrie au sujet d’Israël : Quand le nombre des fils d’Israël serait comme le sable de la mer, Un reste seulement sera sauvé» (Ro 9.24-27).

Certains hommes religieux venaient voir Jésus en privé, comme Nicodème qui vint voir Jésus de nuit (en soirée) :
«Mais il y eut un homme d’entre les pharisiens, nommé Nicodème, un chef des Juifs, qui vint, lui, auprès de Jésus, de nuit, et lui dit : Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu ; car personne ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n’est avec lui. Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. [...] Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne pas que je t’aie dit : Il faut que vous naissiez de nouveau.» (Jn 2.23 à 3.7).

Jésus dit à ce Nicodème, un chef des Juifs, qu'il doit naître d'une naissance différente, naître de l'Esprit de Dieu et de l'engagement dans la foi. Ceci signifie naître de la vie de Dieu; naître de Dieu, littéralement. La nouvelle vie est différente de la vie de l'homme animal.
«Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a point connue. Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point reçue. Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés, (1–13) non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père» (Jn 1.9-14; v. aussi des textes comme Jn 1.13 et 1er Jn 5.1 ).

Il en est de même pour les générations depuis l'incarnation de Jésus.Il en est de même concernant le plan de Dieu, fondé sur l'oeuvre de Christ, pour les générations succédant à la venue, la crucifixion et la résurrection de Jésus.

Avant de mourir et de prendre, par la croix et sur lui la malédiction des péchés du monde, Jésus a prié pour nous aussi, qui vivons des siècles plus tard. En priant pour les disciples dont il va être séparé pour un temps par la mort, Jésus, dans son rôle de Grand-Prêtre (Souverain-Sacrificateur) qui s'offre lui-même, confirme l'appel des générations futures:
«Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé» (Jn 17.20-21).

Pour l'observateur non chrétien, il y a souvent une grande confusion entre deux entités: celle de l'Église et celle du message de l'Évangile, dont l'Église historique s'est souvent détournée. L'Histoire juge le christianisme sur les actes de l'Église, parce que l'Histoire ne connaît pas ou ne comprend pas les textes bibliques; et malheureusement, à certains moments, l'Église non-plus.

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